Une évolution devenue indispensable
La plateforme nationale d’inscription ParcourSup’ a démontré, depuis quelques années, son utilité jusqu’à convaincre les plus réticents de l’utiliser. Néanmoins, la mondialisation et la recherche de productivité amènent les autorités à envisager une orientation plus précoce, dès l’entrée en classe de sixième.
« Nous avons besoin de professionnels compétents et convaincus de leur cheminement dès le plus jeune âge. Pour cela, le plus tôt sera le mieux afin de ne pas perdre de temps à cogiter, à tergiverser, tout cela pour finalement s’inscrire en première année de fac de psycho », explique, sans ambages, le responsable en charge du projet.
La réforme prévoit qu’avant le mois de novembre de l’année de sixième, les élèves devront avoir défini leurs 3 choix d’études supérieures et le métier qu’ils souhaiteront exercer par la suite. Ces choix seront définitifs et ne pourront plus être modifiés au cours du parcours scolaire.
« Ne pas perdre de temps à cogiter, à tergiverser, tout cela pour finalement s’inscrire en première année de fac de psycho »
« C’est essentiel de savoir ce que l’on veut faire de sa vie. Je rencontre des ado paumés tous les jours, ils ne savent pas quel métier exercer. S’ils avaient défini leur projet dès l’âge de 11 ans, comme la réforme l’envisage, ils seraient au clair avec eux-mêmes et arrêteraient de se plaindre à longueur de temps », indique la psychologue du Centre d’Information et d’Orientation (CIO) de Limoges.
Témoignages des principaux intéressés
Jean-Esteban a 10 ans et approuve les grandes lignes de ce projet : « La conjoncture socio-économique et les évolutions géopolitiques nous amènent à repenser notre rapport au travail. Actuellement en classe de CM2, je prends conscience des enjeux et défis de notre monde en mutation ; face à une jeunesse chinoise docile, formée à l’excellence et à la multi latéralité d’une Europe en pleine transition, il me semble indispensable d’envisager concrètement la manière dont j’intègrerai le monde de l’entreprise ».
Jeanne n’a que 8 ans et demi et dispose d’une vision encore partielle de cette question : « Les problématiques auxquelles notre époque nous confronte amène à des questionnements primaires : suis-je d’une nature réflexive ou plutôt créative ? Ai-je le désir d’évoluer dans un monde empreint de modernité ou bien dans des univers où la dextérité manuelle sera valorisée ? Toutes ces questions, ce n’est pas à 20 ans qu’il convient de se les poser, c’est maintenant ! ».
« La conjoncture socio-économique et les évolutions géopolitiques nous amènent à repenser notre rapport au travail », Jean Esteban, 10 ans.
Jean-Bertrand, lui, aura bientôt 12 ans et regrette qu’une telle réforme n’ait pas pu voir le jour avant : « Quand je vois tout ce temps perdu, je me dis que les adultes sont bien immatures. Bien sûr que nous avons les aptitudes intellectuelles de définir les grandes lignes de notre parcours estudiantin et professionnel dès l’entrée en sixième. C’est sûr qu’à leur époque, nos parents avaient du mal à se servir d’un MO5 ou d’un TO7-70 avec crayon optique. Ils ont juste une trentaine d’années de retard mais bon, on ne leur en veut pas ».
Souhaitons à nos chères petites têtes blondes de rester encore longtemps des enfants innocents bien incapables de percevoir le monde tel que nous le connaissons ; et comme aime à le répéter notre rédacteur en chef : « Il faut au moins être adulte pour comprendre et journaliste pour savoir ».