Victor, votre carrière est un enchainement de succès qui font de vous l’un des acteurs les plus bankable du cinéma français. Dites-nous quel est le secret de votre réussite…
Je vais te tutoyer si cela ne te dérange pas. Tu vois, le succès je ne l’ai jamais recherché, il est venu à moi à force de travail et d’abnégation. Les gens savent reconnaitre les personnes sincères et, sans me vanter, je pense en faire partie. Donc le secret, s’il y en a un, c’est l’humilité.
D’accord mais comment expliquez-vous que tant de français s’identifient à vous ?
Et bien tu vois, je pense qu’eux et moi on a des vies assez proches, mine de rien. Je fais moi-même mes courses, je promène moi-même mon chien, je vais moi-même chez le dentiste. Et cette vérité, les gens la ressentent, j’en suis persuadé.
Oui même si les Français ne vivent pas tous dans un quartier chic de la capitale…
Écoute mon garçon, j’ai trimé pour acheter cet hôtel particulier que je n’ai même pas encore fini de payer. Les voitures de collection c’est la même chose, cela n’apparait pas en un claquement de doigt, ce sont des années de boulot. Je ne te parle même pas de l’Impôt sur la fortune immobilière qui a retardé d’un an l’achat de mon chalet à Courchevel.
Bien. Dans votre nouveau film « Révolte », vous incarnez un ouvrier gilet jaune en proie à l’alcoolisme qui se soulève contre les injustices du système. Comment êtes-vous parvenu à vous plonger dans ce rôle ?
La première fois que mon agent m’a proposé un rôle de paumé, je lui ai ri au nez en lui disant que les personnages de causettes c’était pas ma came. Sauf que cet homme brillant a su m’expliquer les potentiels de marché, les cibles marketing et les bénéfices sur investissement à choisir ce type de rôle ; il m’a tout appris. Depuis, je cartonne.
« La première fois que mon agent m’a proposé un rôle de paumé, je lui ai ri au nez en lui disant que les personnages de Causette c’était pas ma came »
Vous voulez dire que c’est un choix de conviction ?
Oui voilà c’est ça, un choix de conviction. J’adore jouer les pauvres et les écorchés, c’est un peu mon fond de commerce et puis cela me fait relativiser. Quand j’achète une nouvelle voiture ou une nouvelle maison, je me rends compte que ces gens-là, il leur faudrait 5 générations pour se la payer et cela m’émeut d’en avoir conscience. Je suis quelqu’un de très sensible contrairement à ce que prétendent mes détracteurs.
Vous voulez parler de ceux qui critiquent votre mode de vie soit disant en dissonance avec les personnages que vous incarnez ?
Oui ces personnes ne comprennent rien à l’humanisme, à l’amour des gens. Regardez Marine Le Pen, elle vit bien dans un château depuis sa prime enfance et cela ne l’empêche pas de donner l’impression de s’intéresser aux masses populaires. Et bien pourquoi serait-ce différent dans le cinéma ?
Et puis après tout, c’est le public qui choisit, en politique comme au cinéma…
T’as tout compris. Dans « Révolte », mon personnage crève la dalle après une dépression de 6 ans faisant suite à un licenciement économique. Pour me préparer au tournage, j’ai fait un jeûne de 2 jours dans un 5 étoiles, près de Dinard, dans lequel j’ai mes habitudes. Zéro plat de fruits de mer, zéro champagne, zéro service en chambre, rien. J’ai tenu 36 heures avant de m’empiffrer via le room service car je ne tenais plus. Franchement, certains ne se rendent pas bien compte des sacrifices que ce métier exige.
