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Le skate plait de plus en plus aux personnes âgées

Depuis quelques années, on observe un accroissement du nombre de pratiquants de plus de 65 ans aux sports de glisse et même aux sports extrêmes. Le skate board, par la liberté qu’il offre, figure en bonne place dans cette nouvelle manière d’appréhender le vieillissement.

Simone et sa planche avant une battle au skate park de Limoges.
Simone et sa planche avant une battle au skate park de Limoges.

Originaire de la côte ouest des États-Unis, cette pratique se développe en France depuis une dizaine d’années. L’objectif poursuivi par ces nouveaux adeptes est de cultiver un esprit jeune tout en se réappropriant de nouveaux codes, de nouvelles attitudes…

Ils squattent les skate parks

Il suffit de se rendre dans un skate park d’une ville de taille moyenne – telle Limoges ou Orléans – pour mesurer l’ampleur du phénomène. Sous les casques de protection, on perçoit de plus en plus de chevelures blanches aux côtés des coupes de juniors ou de jeunes adultes.

« Il y a à peine 5 ans, genre y’avait pas un yeuve ici, maintenant ils sont partout, c’est ouf », témoigne Kevin, un habitué de la place, « au début ils n’osaient pas aller sur les rampes, ils observaient, planche à la main, genre ils ne rentraient pas dans le game ».

De toute évidence, les choses ont beaucoup changé à en observer les interactions sociales au sein du skate park ; la manière dont certains déambulent dans l’espace peut même impressionner, « C’est vrai qu’au début c’était chelou pour moi et puis j’ai commencé à checker les personnes de mon âge. Ensuite tout se fait naturellement, t’as juste à laisser ton style s’exprimer », témoigne Simone, 72 ans, adepte du skate depuis 4 ans.

De nouvelles figures stupéfiantes

L’intégration générationnelle a été facilitée par l’étonnante créativité de ces nouveaux pratiquants ; leur regard neuf sur la discipline a permis d’envisager de nouvelles approches, de nouvelles figures, « On est méga open sur le style, sur la glisse, sur le mouvement, on a pas les œillères », indique Simone.

En outre, les prothèses de nouvelle génération semblent avoir marqué un tournant pour la discipline. Fluides, souples et ultra-confortables, elles représentent un atout considérable pour les old-skatters qui savent exploiter les possibilités, presque illimités, de ces nouveaux joujoux (surnom qu’ils utilisent entre eux pour qualifier ces substituts de céramique).

« Avec leurs prothèses de hanche ou de genou, ils font des trucs oufissimes que nous on peut pas faire », explique Kevin, un peu dépité. Le hippie jump body varial, par exemple, a été inauguré par un homme de 76 ans ; il s’agit d’un retournement à 180 degrés sur la planche en inversant la position des pieds. «

C’est sûr qu’on est avantagé sur le plan anatomique par rapport à eux, on passe crème sur des difficultés là où les gamins se vautrent comme des boloss, ensuite ils ont le seum pendant un moment », explique Simone.

Tensions et escarmouches 

Toutes ces évolutions et mutations ne sont pas sans conséquence. Avec l’émergence de ce skate de nouvelle génération, certaines tensions apparaissent autour des skate parks ou même en centre-ville, partout où ce sport peut se pratiquer.

« Des fois c’est chaud genre avec les yeuves frère, ils squattent le skate park tranquille juste pour eux, ça nous rend ouf frère », résume Kevin. Effectivement, des accrochages sont signalés de-ci de-là depuis quelques mois.

La Police municipale de Vierzon, par exemple, a dû intervenir récemment pour séparer 2 bandes qui avaient prévu de s’affronter aux abords d’un skate park ; il s’agissait de groupes générationnels comme les nomment les forces de l’ordre, ils envisageaient d’en découdre.

« Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce sont souvent les personnes âgées qui viennent provoquer les jeunes ; ces derniers aspirent plutôt au calme et à la quiétude. On est intervenu 2 fois la semaine dernière pour des faits de provocations verbales et même physiques initiées par des personnes de plus de 70 ans pratiquant le skate » analyse l’inspecteur Hutch qui conclut avec lucidité, « Ces nouvelles formes de délinquance s’expliquent par l’évolution des mœurs, la société des années 2020 n’a plus rien à voir avec celle des années 1980 ; l’émancipation tardive des baby boomers change tout ».

La rédaction de Soir Matin

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