Du néant à l’algorithme
La République En Marche a été le seul parti majoritaire, en Europe, à ne disposer d’aucun standard téléphonique ouvert au public. Si vous étiez élu, association ou simple citoyen, le numéro communiqué sur le site web vous renvoyait, irrémédiablement, vers une boite vocale mentionnant l’indisponibilité des équipes.
Pourtant doté d’un budget de 20,5 millions d’euros par an, fruit de ses excellents résultats aux Législatives de 2017, le parti présidentiel avait visiblement d’autres priorités que celle de communiquer avec les diverses composantes du pays.
Mais avec Renaissance, nouveau nom donné au parti, tout cela va changer puisqu’un système algorithmique prendra en compte les appels et y répondra de manière quasi personnalisée. Nous avons pu tester la version Bêta qui se révèle prometteuse.
Un premier appel concluant
En composant le numéro du parti, une voix féminine synthétique, suave et chaleureuse, nous accueille :
– Vous êtes bien chez Renaissance, je suis Déborah pour vous accompagner. Comment vous appelez-vous ?
– Je m’appelle Gérard Bouchard
– Bienvenue Gérard Bouchard, je sens que nous allons passer un moment des plus agréables ensemble. Quelle question aimeriez-vous poser aux équipes de Renaissance ?
– Je souhaiterais soumettre une idée concernant la vie citoyenne dans les petites communes.
– Vous savez qu’ici à Renaissance, nous adorons la vie citoyenne dans les petites communes. Quelle serait votre idée Gérard Bouchard ?
– Parfait ! Je souhaiterais proposer une plate-forme de discussion pour faciliter les échanges entre citoyens d’une même commune.
– Votre idée est épatante Gérard Bouchard !, je la transmets aussitôt au sous responsable des idées qui la communiquera au directeur des idées, lui-même l’enverra au vice-directeur général en charge des meilleures idées. Pour vous remercier de votre précieuse contribution, nous vous offrons un pin’s virtuel Renaissance, vous pourrez l’afficher sur le bureau de votre ordinateur.
Un siège futuriste et ambitieux
3 semaines après cet échange téléphonique, nous avons bien reçu le pin’s virtuel mais aucune nouvelle de notre idée. Nous décidons donc de nous rendre au nouveau siège de Renaissance situé dans le 8ème arrondissement de Paris.
À l’entrée de l’immeuble, un interphone à reconnaissance vocal nous propose de nous identifier. Après avoir décliné le nom de Gérard Bouchard, la porte automatique s’ouvre tandis qu’un robot blanc doté d’une tablette numérique se dirige vers nous.
– Bienvenue Gérard Bouchard ! Nous sommes si heureux de vous rencontrer ici au siège du parti Renaissance. Quel est le motif de votre venue ?
– Et bien je souhaiterais avoir des nouvelles d’une idée que j’ai soumise il y a 3 semaines à votre collègue Déborah
– Déborah ne peut malheureusement pas vous recevoir, elle est souffrante par contre je peux peut-être vous aider
– Je souhaiterais savoir ce qu’est devenue l’idée que j’aie proposé sur la vie citoyenne dans les petites communes
– Vous savez, ici nous apprécions beaucoup la vie citoyenne dans les petites communes
– Oui certes mais est-ce qu’une personne travaille sur mon idée ?
– Bien sûr Gérard Bouchard, ne vous inquiétez pas ! Toutes nos équipes travaillent sur votre idée La vie citoyenne dans les petites communes. Voici, en guise de récompense pour votre superbe idée, un autocollant du parti Renaissance.
Rassurés par la bonne prise en compte de notre idée, nous repartons du siège l’esprit léger et persuadés que quelque chose a bel et bien changé dans le parti présidentiel. Sans doute un supplément d’âme et d’humanité qui manquait, de toute évidence, du temps de La République En Marche.
