De chair et de métal
L’incroyable histoire d’une femme dont le destin a basculé suite à un terrible accident de voiture. Son automobile a été broyée par un camion lancé à pleine vitesse, sa survie ne tenait plus qu’à un fil lorsque les chirurgiens sont parvenus à la ranimer. Après une vingtaine d’opérations lourdes, son corps a progressivement repris forme humaine à la faveur de prothèses multiples, de visseries sophistiquées et d’articulations en métal (d’où le titre du film).
S’en suit une magnifique rencontre avec un homme lui-même broyé par la vie – amputé des deux jambes et d’un bras suite à une maladie nosocomiale contractée à l’hôpital (ndlr : due au manque d’effectif dans les hôpitaux publics) – où les 2 protagonistes devront rivaliser d’imagination pour tenter de communiquer. Mais ces échanges se révèleront bien délicats car elle n’entend quasiment plus et lui ne voit plus grand chose depuis qu’un tir de LBD – lancé par un ignoble policier lors d’une manifestation de gilets jaunes pacifiques – l’a atteint au visage.
Un chef d’œuvre.
L’infinie blessure de l’existence
Ce film nous plonge dans les réflexions intimes d’une personne transgenre qui traverse la vie comme d’autres les voies d’une autoroute un jour de grand chassé-croisé estival. Prostitué par ses parents dès l’âge de 4 ans, Jean Victor tombe dès l’adolescence dans toutes sortes de trafics. Entouré de bandits et de personnages plus malfaisants les uns que les autres, son adolescence se partage entre foyers mal gérés (ndlr : à cause du manque de moyens alloués par le gouvernement) et familles d’accueil elles-mêmes en souffrance.
L’infinie blessure de l’existence est un hymne à la vie comprenant une scène susceptible de heurter les sensibilités. On y voit Jean Victor sourire et même rire avec une certaine légèreté lors d’un repas avec son amie atteinte d’une maladie incurable. Fort heureusement, le réalisateur a eu la bonne idée de ne pas s’appesantir sur ce bonheur et nous replonger, aussitôt, dans les souffrances extrêmes de cet écorché de la vie.
Sublime, tout simplement.
Ras-le-cul bordel !
On retrouve l’excellentissime Victor Valmont dans ce pamphlet à l’adresse des puissants, des banquiers et des gouvernants. Jean-Bernard est au bout du rouleau, ses ASSEDIC n’ont pas été versées en temps et en heure à cause d’un problème informatique, « Salops de Gafa !, ils vont me le payer » lance-t-il à son ordinateur tandis qu’il apprend la mauvaise nouvelle.
Il envisage alors le casse d’un supermarché situé à une centaine de mètres de son domicile. Le directeur de ce lieu de consommation exploite, bien évidemment, ses salariés à coups d’humiliations et de propos blessants. Comment ne pas partager la détresse de cet homme ? Comment ne pas en vouloir à ce système pourri jusqu’à l’os ?
Ras-le-cul bordel ! sait trouver le ton juste pour dénoncer les salops de riches sans en faire trop. La scène du casse du supermarché est assez hilarante : Jean-Bernard – ne sachant pas bien utiliser l’arme à feu censée lui servir pour sa prise d’otage – tue le directeur, son épouse et 2 policiers dans un bain de sang qui n’est pas sans rappeler le magnifique travail de Tarantino. Du grand art.
Film à savourer en famille ou entre amis.