Des sociologues, psychologues comportementaux et stratèges du marketing ont collaboré à la réalisation d’une étude servant de base aux discussions en cours au Ministère du travail.
Des travaux préliminaires convergents
Il y avait urgence à régenter les comportements au travail tant les excès observés après la crise du Covid ont été nombreux : fêtes improvisées autour de motifs fallacieux, concours de danses dans des open space, blagues téléphoniques faites aux clients dans plusieurs centres d’appels…
Il était temps de taper du poing sur la table, c’est ce à quoi se sont attelés les experts mandatés par le Ministère. L’objectif était d’identifier les attitudes déviantes, de les comptabiliser et de préconiser des mesures concrètes afin d’y mettre un terme. En cela, le titre du rapport remis à la ministre mercredi dernier est sans appel : « Une ré éducation des salariés devenue indispensable ».
La psychothérapeute et comportementaliste Anne Retors a participé à cette étude et nous livre ses réflexions, « Lorsqu’un salarié sort du cadre qui lui est attribué, il faut le punir très fort ; cela fonctionne très bien avec les animaux de compagnie qui sortent du périmètre autorisé et reçoivent des décharges électriques avec un collier, il n’y a aucune raison que cela ne soit pas efficace avec les salariés récalcitrants ».
« Le temps des calembourgs et des jeux de mots est terminé, ces pratiques appartiennent à l’époque révolue du système patriarcal »
Les travaux menés par les experts ont également mis au jour la propension de certains salariés à échanger des histoires drôles ou devinettes pendant les pauses, ce qui n’a pas manqué de faire réagir nos experts, « Ces pratiques douteuses n’ont plus leur place à notre époque ; le temps des calembourgs et des jeux de mots est terminé, ces pratiques appartiennent à l’époque révolue du système patriarcal », analyse Alexandre Woky, consultant marketing qui a participé à l’étude.
Des expérimentations au sein du groupe Bolloré
Nos experts ont dû puiser dans l’expérience de certaines entreprises pour trouver des solutions concrètes à ces problèmes endémiques, « On s’est beaucoup inspiré du modèle Borollé. Quand un journaliste sportif d’une chaine à péage s’autorise une pointe d’humour pour soutenir l’un de ses collègues injustement licencié, bing il dégage ! ; c’est cela le modèle vers lequel on veut tendre ».
Dans cet esprit, une nouvelle ligne rouge a été proposée : interdire aux salariés de rire pendant les heures de travail.
« On s’est beaucoup inspiré du modèle Borollé. Quand un journaliste sportif d’une chaine à péage s’autorise une pointe d’humour pour soutenir l’un de ses collègues injustement licencié, bing il dégage ! »
Ce principe simple et facile à mémoriser s’appuie sur plusieurs études comportementales menées aux États-Unis, « Imaginez un rat que l’on enferme pour faire tourner une roue avec ses petites pattes, si vous le divertissez avec un morceau de fromage, le rat va courir moins vite ; et bien là c’est exactement la même chose. Si vous autorisez les salariés à rire pendant le travail, ils se déconcentrent et sont moins productifs », explique Madame Retors.
Des Serious managers à la rescousse
Les partenaires sociaux ont également validé le principe des Serious managers dont le métier consistera à vérifier si les salariés de l’entreprise sont bien concentrés sur leur travail. À l’inverse des happyness managers qui ont assez vite démontré leurs limites, ces contrôleurs du sérieux auront pour mission d’interdire les formes de divertissement et de déconcentration.
Un sourire fera l’objet d’un rappel à l’ordre, un rire sera synonyme d’une perte de RTT d’une journée
Des sanctions sont d’ailleurs prévues afin de rendre ces nouvelles règles incontournables : un sourire fera l’objet d’un rappel à l’ordre, un rire sera synonyme d’une perte de RTT d’une journée tandis qu’un fou-rire conduira à la mise à pied du salarié avec effet immédiat.
Gageons qu’avec cette nouvelle loi sur le comportement au travail, nos entreprises retrouveront le calme et la sérénité dont elles ont besoin pour faire face à une concurrence internationale toujours plus grande.