Des débuts prometteurs
Jean-François Shake est un homme heureux lorsqu’il s’installe sur la commune de Vimoutiers dans le département du Calvados. La mairie met à sa disposition un local qu’il réhabilite pour sa pratique de chirurgien-dentiste et les demandes de rendez-vous affluent rapidement de tout le canton.
Les habitants du secteur n’ont plus accès aux soins dentaires depuis que le prédécesseur a pris sa retraite, précipitamment, suite à une mise examen pour trafic de dents usagées. Le nouveau praticien enchaine donc les consultations et les patients paraissent satisfaits de ses compétences.
« Le dentiste Shake faisait toujours tout bien sauf un geste qui, à chaque séance, lui échappait : un coton glissait de des mains, une seringue tombait ou un bouton s’enclenchait malencontreusement par une légère maladresse », se remémore son assistante qui a préféré garder l’anonymat.
De premières contrariétés dans la pratique
Au bout de 2 années de pratique, le chirurgien-dentiste se trouve tellement sollicité qu’il doit refuser les nouveaux patients. En outre, sa gentillesse et son humour plaisent à la population locale, « Il y avait chez lui un côté Pierre Richard tout à fait sympathique, semblant confondre les outils, se tromper de tiroir ou encore lire les radios à l’envers », se souvient, émue, l’un de ses patientes.
Certains patients notent tout de même quelques inflexions dans sa pratique. De légers tremblements semblent s’inviter lors des séances de soins, « Il est vrai que le dentiste Shake pouvait à cette période avoir des gestes maladroits. Lorsque ceux-ci se déroulaient lors de la préparation des soins, cela n’avait pas de conséquences par contre s’ils s’invitaient alors qu’il utilisait la roulette, c’était plus problématique », témoigne l’ancienne assistante.
« Il y avait chez lui un côté Pierre Richard tout à fait sympathique, semblant confondre les outils, se tromper de tiroir ou encore lire les radios à l’envers »
Et la liste s’allonge, insidieusement, de patients qui se plaignent de ces gestes non contrôlés. L’un relate une entaille dans la gencive, l’autre des plaies apparues dans la foulée du rendez-vous dentaire.
Des problèmes un peu plus sérieux
L’assistante fait part au dentiste Shake des quelques désagréments relevés par les patients. Celui-ci concède, au bout de quelques mois, consulter un médecin pour vérifier qu’il ne souffre d’aucun mal. Les examens médicaux diagnostiquent, néanmoins, un début de maladie de Parkinson susceptible d’évoluer avec le temps.
Le praticien dentaire plein de bonne volonté choisit, malgré tout, de poursuivre son activité professionnelle persuadé que le traitement médicamenteux suffira à limiter les tremblements.
Malheureusement, les secousses augmentent en intensité et deviennent plus fréquentes ; des plombages sautent alors qu’ils ne concernent pas la dent traitée, des entailles plus profondes se font jour tandis que la roulette peut parfois traverser la joue du patient.
Dans les derniers mois, la maladie s’est encore aggravée mais le dentiste Shake ne souhaite toujours pas interrompre son activité, « À certaines séances, les dents volaient dans tout le cabinet, venant s’enfoncer dans les cloisons en placo-plâtre telle une mitrailleuse ; je devais aller les récupérer avant le patient suivant afin de ne pas trop susciter d’inquiétudes ».
Le dentiste Shake fait alors preuve d’une grande sagesse puisqu’il décide de s’octroyer une pause, de quelques semaines, afin de faire le point sur sa pratique professionnelle.