Les faits relatés par la victime présumée
La jeune femme à l’origine de la plainte a pu décrire aux enquêteurs un certain nombre de faits susceptibles de relever d’une pratique d’excès d’amour parental (article 27 bis alinéa 3 du code civil). Nous avons pu consulter sa déposition grâce à l’aimable contribution du Lieutenant Donnetout.
Le premier d’entre eux concerne un après-midi d’anniversaire, organisé par les parents, pour fêter les 6 ans de la jeune Anne. Une dizaine de copains et copines sont présents et, selon le témoignage de la plaignante « Mes parents m’ont embrassé à plusieurs reprises en présence de mes amis, ce qui se révélait aussi ridicule qu’inconvenant. À 6 ans, on a besoin de s’émanciper de l’amour parental et de développer ses propres amitiés ».
Second motif de plainte, lors de vacances passées en Corse à l’âge de 9 ans, Anne de Bretagne reproche à ses parents de s’être beaucoup trop occupées d’elle : « Ils passaient leur temps à me demander ce que je voulais faire, ce que je voulais manger, quelles sorties je désirais effectuer. Ces excès de bienveillance et de sollicitations ne sont pas compatibles avec une éducation parentale normale, les parents doivent choisir et les enfants obéir »
Lors de vacances passées en Corse à l’âge de 9 ans, Anne de Bretagne reproche à ses parents de s’être beaucoup trop occupés d’elle.
Enfin, d’autres faits relativement graves se trouvent également décrits dans la déposition ; notamment des propositions de jeux de société en famille formulés de façon régulière par les parents mais également des « Je t’aime ma chérie » prononcés une à plusieurs fois par jour par les 2 parents et cela durant des années.
Les langues se délient, la vérité éclate au grand jour
« Ces faits, s’ils sont avérés et seule l’enquête pourra nous le dire, sont passibles de condamnations devant les tribunaux. Il n’est pas acceptable que des parents puissent transmettre autant d’amour à leur enfant sans mesurer les conséquences que cela induit sur le plan psycho-affectif », précise la procureure de la République de Rennes.
Dans la foulée de cette plainte, un certain nombre de Utubers et Tik tokers ont eux aussi fait part, dans des vidéos en ligne, d’agissements similaires subis durant leur enfance ou leur adolescence. Jessi KDO (4 millions de followers) déplore le nombre trop élevé de nounours reçus de la part de ses parents ; Acid Muriel (3 millions de followers) fustige des playmobils pleins les armoires qui ne servaient quasiment jamais, traduisant – selon elle – la « dérive consumériste de cette génération d’irresponsables ».
« Il n’est pas acceptable que des parents puissent transmettre autant d’amour à leur enfant sans mesurer les conséquences que cela induit sur le plan psycho-affectif »
« La parole se libère et il était temps, les victimes d’excès d’amour souffrent en silence, parfois depuis des années, des décennies. Pouvoir décrire le calvaire enduré permet de commencer un travail de deuil et, in fine, espérer ne pas reproduire les mêmes schémas d’amour avec ses propres enfants », explique le psychologue Daniel Ressac.
