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L’homme tronc au bord de l’asphyxie

On a frôlé la catastrophe, jeudi soir, à Saint Philibert de Grand Lieu près de Nantes. Lors d’une soirée anniversaire, un homme tronc s’est retrouvé en très grande difficulté tandis que la fête battait son plein.

Photographie de la pièce le lendemain de la soirée après le sauvetage de l'homme tronc.
Photographie de la pièce le lendemain de la soirée après le sauvetage de l’homme tronc.

Nicolas S. est né homme tronc, il est dépourvu de jambes et de bras. Contrairement aux quolibets parfois entendus, son handicap n’a pas de lien avec le nanisme. Ce jeudi, il est l’invité de Cathy G. qui fête son anniversaire.


Tout avait pourtant bien débuté

Lorsqu’il arrive chez ses amis à 17h15, Nicolas est d’humeur badine, heureux de retrouver ses amis pour une soirée qui s’annonce inoubliable. Arrivé en avance pour donner un coup de main, Nicolas coordonne l’installation des décorations, de la sonorisation et répond aux demandes téléphoniques (via son oreillette à commande vocale). 

Nicolas profite de ce moment pour décrire l’expérience forte qu’a représenté son baptême de saut en parachute – la semaine précédente – en binôme avec un moniteur chevronné. Ses amis se disent impressionnés par le courage et la force de caractère nécessaires pour tenter une telle aventure.

« Je me rappelle que je lui ai dit à ce moment-là que moi qui suis normal, avec des bras et des jambes, je ne sais pas si je serais capable de le faire » se remémore Dylan. Brady, la fiancée de Dylan, se souvient de lui avoir rétorqué, avec malice et à-propos, « toi t’es peut-être normal du corps mais pas du casque ! ».

La suite également se déroulait bien

Vers 19h40, Nicolas éprouve le besoin d’aller se reposer un peu avant le début de la soirée. Son amie Cathy l’amène alors jusqu’à la chambre qui lui est réservée. Une fois sur le lit, Nicolas se laisse aller jusqu’à progressivement s’endormir. « À ce moment-là, je n’imagine pas ce qui va se produire » nous confie-t-il, « je ne pense qu’à me reposer d’une journée assez dense et à récupérer en vue de la soirée qui va bientôt commencer. »

Le chat Fripouille a traversé la pièce d’entrée tout à fait normalement, comme s’il ne se rendait pas compte, lui non plus, de ce qui allait se produire

Le jour se couche et les premiers invités arrivent chez Cathy. Embrassades et retrouvailles s’enchainent à bon rythme. « À ce moment-là l’ambiance est excellente » relate la propriétaire des lieux qui semble se souvenir du moindre détail : « Je me rappelle que mon chat Fripouille a traversé la pièce d’entrée tout à fait normalement, comme s’il ne se rendait pas compte, lui non plus, de ce qui allait se produire. »

Tout bascule alors en quelques secondes

Et effectivement, ni le chat Fripouille, ni Cathy G., ni même les convives arrivés en avance pour préparer la fête n’imaginent, à ce moment précis, l’incroyable succession d’événements qui vont survenir.

Le premier d’entre eux est un geste anodin, presque banal au demeurant. Arnold. S, ami d’enfance de Cathy, fait partie de ce groupe d’amis arrivés parmi les premiers. Après avoir salué l’assistance, ce trentenaire apprécié pour ses blagues et son sens de la dérision, décide d’aller aux toilettes. « Jusque-là, rien de particulier à signaler » précise-t-il lorsqu’il s’agit de visualiser à nouveau la chronologie des événements : « Je me rends aux toilettes, déboutonne mon jean et, de façon bête, je me coince la peau de la verge dans l’ouverture du bouton de jean ». 

« Je me rends aux toilettes, déboutonne mon jean et, de façon bête, je me coince la peau de la verge dans l’ouverture du bouton de jean »

Même s’il parvient à s’extirper de cette fâcheuse posture, Arnold est préoccupé par ce qui vient d’advenir. Il se défait alors de son blouson et, sans nécessairement prendre le temps de la réflexion, ouvre la première porte venue, y perçoit un lit dans la pénombre et lance son blouson sur celui-ci.

Les choses s’accélèrent à ce moment là

Nicolas dort alors à poing fermé lorsque le blouson vient recouvrir une partie significative de son corps. Dans le même temps, Arnold indique aux autres convives l’endroit où il a déposé son blouson ; tour à tour, les invités viennent déposent leurs manteaux, vestes et anoraks sur le lit qui leur a été désigné.

L’amoncellement s’enchaine, le monticule devient colline puis montagne. Et Nicolas, réveillé par le poids des vêtements, ne peut que constater son impuissance. Il a beau crier et tenter d’appeler au secours, personne ne l’entend. Il est piégé, tout simplement.

« J’ai beau aimer la musique française, je ne voulais pas mourir sur du Herbert Léonard »

« J’imagine à ce moment que la musique que j’entends est la dernière de toute ma vie, je me rappelle, c’était du Herbert Léonard. J’ai beau aimer la musique française, je ne voulais pas mourir sur du Herbert Léonard ». Transcendé par cette volonté farouche, Nicolas parvient à tourner sous la pile dense de vêtements jusqu’à trouver une poche d’air qui lui sauvera la vie.

Ce n’est qu’à la fin de la soirée, vers 4h30 du matin, que Nicolas sera découvert sous la pile de vêtements, épuisé mais bien vivant.

La rédaction de Soir Matin

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