Une grande proximité idéologique
Pour Laurent Limier, directeur de l’information de France Télévisions, « La fusion n’est que la suite logique d’un partenariat fructueux entre nos 2 entités, nous partageons des valeurs communes très fortes ». De fait, les téléspectateurs de France Télévisions ont pu apprécier, durant les dernières campagnes présidentielles et législatives, la proximité idéologique entre les chaines publiques et la coalition initiée par l’extrême gauche.
Même manière de dramatiser l’actualité, même façon de relayer les polémiques et de les amplifier pour affaiblir les adversaires, mêmes critiques acerbes contre l’État rendu coupable de tous les maux
Même manière de dramatiser l’actualité, même façon de relayer les polémiques et de les amplifier pour affaiblir les adversaires, mêmes critiques acerbes contre l’État rendu coupable de tous les maux… « On ne va pas se mentir, eux comme nous partagions le même espoir de renverser le pouvoir en place. Encore quelques semaines de campagne et nous serions parvenus au résultat escompté. Avec la fusion prochaine, nous atteindrons plus facilement nos objectifs communs », précise Monsieur Limier.
Une campagne 100% Nupes
Tout au long de la campagne des Législatives, le service public audiovisuel aura utilisé toute sa puissance de frappe médiatique au service de son partenaire : un débat où 4 invités sur 10 appartenaient à la Nupes, une présentatrice en couple avec un soutien officiel de cette coalition, des temps de paroles outrageusement favorables à la Nupes, des émissions politiques sur France 5 tout à la gloire des partis de gauche ou encore un numéro de Cash Investigation – 4 jours avant l’élection – fustigeant l’Union européenne et le gouvernement français.
Mais ce n’est pas tout, les rédactions de l’information ont également contribué, fortement, à ce partenariat exclusif : des sujets par dizaine sur « la casse de l’hôpital », des micro-trottoirs par centaines pour dénoncer « les prix qui explosent » et, comme par magie, la dialectique mélenchoniste reprise – in extenso – par des journalistes enthousiastes de « la très belle campagne réalisée par Jean-Luc Mélenchon ».
Aller encore plus loin, ensemble
Concrètement pour les téléspectateurs, cette fusion ne va pas changer grand-chose puisque la ligne éditoriale – basée sur l’opposition systématique à toute réforme dans le pays – perdurera telle qu’elle peut s’observer quotidiennement sur les antennes de France Info, de France 2 ou encore des émissions politiques sur France 5.
Néanmoins, plusieurs ajustements sont prévus pour plus d’efficacité. La première concerne l’organigramme de la direction de l’information. Celle-ci sera désormais chapotée par un membre éminent de la France Insoumise – on évoque les noms de Mathilde Panot ou d’Alexis Corbières – afin de s’assurer d’une prise en compte pleine et entière des éléments de langage du parti d’extrême gauche.
Concrètement pour les téléspectateurs, cette fusion ne va pas changer grand-chose puisque la ligne éditoriale – basée sur l’opposition systématique à toute réforme dans le pays – perdurera en l’état
Seconde évolution, la modification du nom de l’émission d’investigation de France 2 qui s’intitulera désormais « Cash, dans ta gueule ! » et proposera des thèmes en adéquation avec les valeurs insoumises. Des numéros spéciaux tels que « Il dégage quand Macron ? » ou encore « Tous derrière Jean-Luc ! » sont en préparation.
Enfin, la troisième évolution concerne les journaux télévisés. Il n’y aura désormais plus de présentateurs – jugés trop consensuels par la direction de LFI – mais une suite de reportages essentiellement composés de micro-trottoirs de Français en colère. Un changement néanmoins à la marge par rapport à ce qui se pratique déjà .
Conséquence directe de ces chamboulements, Anne Sophie La Pie et Leïla Kado se verront proposer l’animation d’une toute nouvelle émission humoristique intitulée « Macaron pas bon », diffusée chaque semaine en prime time, dans laquelle les humoristes de France Inter s’en donneront à cœur joie pour railler « les gros nuls du gouvernement ». On retrouvera notamment Guillaume Maurice, le fanfaron de l’ultra gauche mais aussi Charline Deker et son inestimable humour populiste.
Un deal gagnant – gagnant
Une aussi belle union ne peut s’envisager que si chacune des parties apporte sa contribution à l’édifice commun. France Télévisions ayant fortement œuvré, tout au long des dernières campagnes électorales, pour la réussite de son partenaire, elle a toute légitimité à attendre des gages à hauteur de son implication.
L’une des contreparties consistera, pour la Nupes, à empêcher par tous moyens le projet de fusion envisagé entre France Télévisions et Radio France. Gageons que les capacités de nuisances et d’entraves des députés Insoumis sauront convaincre les gouvernants de ne pas donner cours à cette ambition. Autre volet de ce partenariat, la suppression de la redevance audiovisuelle figurant dans le programme du Président ré-élu. Le bras politique de la nouvelle entité aura pour mission d’empêcher à tout prix cette réforme quitte à bloquer le pays si cela se révèle nécessaire.
France Télévisions ayant fortement œuvré, tout au long des dernières campagnes électorales, pour la réussite de son partenaire, elle a toute légitimité à attendre des gages à hauteur de son implication
« C’est bien un accord global qui s’augure entre la Nupes et France Télévisions. Nous allons créer la première alliance politico-médiatique visant à instaurer – dans le pays – les valeurs fondamentales du mécontentement systématique, du refus de l’autorité et du collectivisme généralisé », conclue la Présidente Herr Note les yeux embués par l’émotion.