De plus en plus de villes et de villages se dotent d’une cabine téléphonique. Le phénomène s’est accéléré avec la crise sanitaire et la prise de conscience, par nombre de citoyens, des multiples bénéfices qu’elles offrent…
Des cabines installées pour les néo-ruraux parisiens
Avec l’arrivée de nombreux parisiens dans nos campagnes, de nouvelles formes de conscience ont affleuré.
« Quitte à vivre à la campagne, on veut aussi partager la vie des vrais gens d’ici. Et les vrais gens de la campagne, ils utilisent des cabines téléphoniques pour appeler leurs proches », voilà en substance ce qui amène Pierre Édouard et son amie Héloïse, trentenaires parisiens fraichement débarqués en Dordogne, à réclamer l’installation d’une cabine téléphonique au sein de leur hameau, « Imaginez que dans ce hameau, les autochtones n’ont pas les moyens de s’acheter un smartphone. Depuis que la cabine leur a été retirée, ces pauvres gens ne peuvent même plus discuter avec leurs amis situés dans d’autres régions », enrage Pierre Édouard.
« Depuis que la cabine leur a été retirée, ces pauvres gens ne peuvent même plus discuter avec leurs amis situés dans d’autres régions »
Le maire de la commune, alerté par les démarches du jeune couple, a bien voulu nous répondre, « les parisiens qui s’installent ici sont persuadés que nous vivons comme dans les années 30. Afin ne pas ternir leur image d’Épinal, on va installer une cabine ; ainsi, ils pourront dire à leurs amis restés à Paris qu’ils appellent depuis le seul téléphone du village ».
Des cabines pour fuir les ondes
Parmi les nouveaux adeptes des cabines téléphoniques, on trouve également les personnes qui refusent les appareils émettant des ondes. Convaincus des méfaits des téléphones de nouvelle génération, ils militent pour la conservation des cabines d’antan.
Patricia, militante au sein du collectif Cabine d’amour, partage sa réflexion, « Qu’on nous rende nos cabines, on les aimait nos cabines. Elles au moins ne nous espionnaient pas lorsqu’on appelait nos amis et nos proches ; elles n’essayaient pas de nous influencer au moment des élections avec leurs ondes téléguidées par les multinationales ».
À chaque cabine menacée par un projet de démantèlement, Patricia et ses amis envisagent – s’ils ne sont pas entendus par les autorités – de mettre en place une CAD (Cabine À Défendre) « afin de les empêcher de commettre l’irréparable ».
Espaces de co-working individuels
Autre phénomène participant à ce boom cab (expression qui désigne l’explosion du nombre de cabines téléphoniques), la mise en place de working cabines dans différentes villes françaises.
Ces espaces individuels offrent la possibilité de travailler debout, d’appeler sans déranger les autres co-workers mais aussi de faire de courtes siestes comme c’est l’usage dans cet univers. Certaines cabines sont même aménagées en salle de réunion (jusqu’à 4 personnes) permettant de recevoir des partenaires, des clients ou des prospects.
Ces espaces individuels offrent la possibilité de travailler debout, d’appeler sans déranger les autres co-workers mais aussi de faire de courtes siestes comme c’est l’usage dans cet univers.
« On en a installé une vingtaine les unes à côté des autres pendant le Covid, nos co-workers ont adoré. Depuis, c’est devenu une offre pérenne qui leur permet de rester proches tout en conservant leur intimité ; ils peuvent se saluer sans déranger ceux qui travaillent, échanger des messages par post it, bref partager des moments de convivialité ; ils éprouvent ainsi la sensation d’appartenir à une communauté, à une tribu et cela, ça n’a pas de prix » détaille Maxime Bobard, co-fondateur du lieu.
Il est vrai que pour seulement 600 euros HT par cabine et par mois, ces co workers de nouvelle génération auraient bien tort de se priver de cet espace de travail dans l’air du temps.