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Des golfs reconvertis en camps pour migrants

L’initiative prise par l’Association de Promotion du Golf risque de faire évoluer positivement l’image d’un sport encore trop souvent taxé de conformisme, d’élitisme ou d’entre soi.

Tentes de migrantes ukrainiennes installées sur le green du trou numéro 8 (Golf de Saint Malo).
Tentes de migrantes ukrainiennes installées sur le green du trou numéro 8 (Golf de Saint Malo).

Le monde du golf s’ouvre progressivement à la société dans toute sa diversité. Pour preuve, il est devenu le quatrième sport le plus pratiqué en France y compris par les nouvelles générations. L’initiative « Un golf un migrant » pourrait renforcer encore l’image d’un sport préoccupé par les enjeux extra-sportifs…

Un golf, un migrant, l’opération du cœur

Lors des premières semaines de guerre en Ukraine, de nombreux Français ont été émus par les récits des réfugiés qui devaient fuir leur pays précipitamment, laissant derrière eux toute leur vie. Jean Mathieu Pégéhat, le président de l’Association de Promotion du Golf (l’APG) a lui aussi été marqué par les images diffusées dans les médias, « J’ai été choqué par ces existences réduites à néant en quelques jours, par cette détresse humaine qui se lisait sur les visages ».

Il décide donc, en concertation avec les autres membres de son association, de lancer une opération au titre évocateur : « Un golf, un migrant ». Cet élan de générosité offre la possibilité à un réfugié de disposer d’une tente sur l’un des parcours partenaires. Les premiers retours se révèlent positifs.

« On voulait proposer au migrant de s’installer le long du fairway mais, avec l’association, on a finalement choisi de positionner la tente rouge sur le green ; cela permet de la voir de loin et offre ainsi un repère visuel précieux pour les joueurs », précise Jean-Gabriel Eagle, le directeur d’un des golfs partenaires.

Chacun choisi son migrant

Cette opération du cœur a été fort bien organisée puisque chaque directeur de golf a pu sélectionner le migrant de son choix grâce à une base de données fournie par le Ministère de l’Intérieur. Y figurait le nom, le prénom, l’âge et la photo de la personne. À la mise en ligne de la base, les demandes ont afflué émanant de golfs de toute la France, la plupart n’avait même jamais participé à la moindre action caritative !

« On croyait les directeurs de golf radins et misogynes mais c’est l’inverse, les 2/3 ont participé à l’opération et près de 94% d’entre eux ont choisi une migrante ukrainienne, seulement 6% un ukrainien ! »

« On croyait les directeurs de golf radins et misogynes mais c’est l’inverse, les 2/3 ont participé à l’opération et près de 94% d’entre eux ont choisi une migrante ukrainienne, seulement 6% un ukrainien ! Anna, Svetlana, Katarina, Anastasia ou Tamara, de jeunes réfugiées vingtenaires, ont trouvé très rapidement preneur. Certains directeurs, particulièrement généreux, ont même hébergé chez eux une réfugiée ! Comme quoi, il convient de se méfier des jugements hâtifs et des stéréotypes autour du monde du Golf », s’enthousiasme l’initiateur du projet.

L’opération progressivement élargie

Face au succès retentissant rencontré par l’opération humanitaire, l’association a souhaité aller plus loin. Désormais, les golfs qui le souhaitent peuvent accueillir plusieurs migrants au sein de leur parcours.

« Pour nous, c’est du pur bonheur, non seulement les joueurs disposent d’une aide visuelle précieuse avec les tentes rouges disposées sur les greens mais, en plus, nous proposons aux réfugiées ukrainiennes de remettre les trophées lorsqu’il y a des compétitions ; elles peuvent également défiler sur une estrade pour présenter les nouvelles collections de vêtements golfiques. Enfin, on organise des soirées VIP entre nos ukrainiennes et les adhérents les plus fidèles ; champagne et bonne humeur sont au rendez-vous ! », précise J.B. Eagle, convaincu du bien-fondé de l’opération.

« On organise des soirées VIP entre nos ukrainiennes et les adhérents les plus fidèles ; champagne et bonne humeur sont au rendez-vous ! »

La solidarité humaine et l’entraide peuvent, quelques fois, chambouler des vies bien rangées. La preuve avec cette réfugiée slave, hébergée dans la maison d’un des directeurs, qui a annoncé être tombée enceinte tandis qu’elle ne côtoyait que sa famille d’accueil. Gageons que le désintéressement de cet homme et son implication forte dans l’opération l’emporteront sur les procès d’intention que ne manquera pas de lui intenter son épouse.

La rédaction de Soir Matin

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